Je suis végétarienne, et toi ?
Dans cet article, je te partage ma réflexion sur ce qui m’a amené aujourd’hui à être végétarienne. Plusieurs raisons vont être évoquées et elles font parties intégrante des valeurs que je prône au quotidien. Tu vas découvrir ici le cheminement de mes pensées, les tenants et les aboutissants qui m’ont permis d’affiner mon jugement et mon positionnement vers l’adoption d’un régime végétarien…
Une première réflexion vers le végétarisme
Infirmière, je travaille auprès de personnes en situation de handicap depuis bientôt deux ans. Intriguée par le fonctionnement autistique, j’ai acheté ce livre : « Ma vie d’autiste », autobiographie de Temple Grandin.
Temple Grandin est une femme autiste qui, dans cet ouvrage, raconte son expérience de vie depuis son plus jeune âge. Cela va de ses souvenirs d’enfance, ses premiers jours d’école et les journées « oubliables » du collège à un métier inconnu, à travailler, se débrouiller, survivre. Elle exprime sa façon de voir les choses, la manière dont elle ressent les choses face à notre réalité. Outre son implication à défendre les droits des personnes autistes, elle se bat également pour une autre cause : le bien être animal.
Soutenue par un entourage aimant, elle a su persévérer et transposer certaines obsessions pour exceller dans les domaines de la zootechnie et des sciences animales. Elle est professeure, doctoresse et spécialiste de renommée internationale. Ainsi, elle devient conceptrice d’équipement pour le bétail et dirige sa propre entreprise de conseils. Elle compare souvent les perceptions d’une personne autiste à celles des animaux. De part sa propre expérience personnelle et en fonction du comportement des animaux, elle adapte leur environnement et crée des équipements dans le but de favoriser leur bien-être.
Dans les équipements, on retrouve notamment la « machine à câlin » qui permet d’apaiser l’hypersensibilité sensorielle. Ce dispositif était une solution face aux stimulations auxquelles Temple a fait face durant son enfance, qui avait pour fonction de contenir, calmer et rassurer. En résumé, de procurer du bien-être par le biais du contact. Aujourd’hui, elle est utilisée avec les animaux dans les abattoirs pour ces mêmes fonctions.
MA VIE D’AUTISTE
Temple Grandin
Tout d’abord, Temple m’a permis d’en apprendre davantage sur les personnes autistes et de connaître certains traits typiques de leur fonctionnement. Sa manière d’appréhender le monde peut être différente mais pas attardée, comme elle le dit si bien. De plus, elle a su parfaitement partager son intérêt pour les animaux qu’elle considère au même titre que les individus. Engagée pour le bien-être animal, elle est une pionnière dans l’amélioration des méthodes d’élevage et d’abattage industriel.
C’est ainsi que Temple m’a amené à me poser des questions sur la manière dont sont traités les animaux. C’est le début d’une longue réflexion. Il y a quelques mois, je mangeais toujours de la viande mais je réduisais davantage ma consommation. J’ai fait partie de ces personnes qui essayent de se procurer la viande la plus « éthique » possible. Théo, la personne avec qui je partage ma vie, a adopté une alimentation végétarienne depuis un certain moment. Il respectait mes choix de la même manière que je respectais les siens.
Cependant, il ressentait la nécessité de m’informer sur bon nombre de choses sans me faire culpabiliser pour autant. Si un sentiment de culpabilité m’est apparu, c’est parce que je faisais face à une réalité insoutenable : la place de l’animal et de son bien être dans le monde d’aujourd’hui.
Un jour, lors d’une sortie à Strasbourg avec Théo, nous décidons de manger au restaurant « Harmonie Bowl and Juice », une cuisine excellente (et 100% vegan). Au fond de la salle principale se trouve une bibliothèque où est mis en avant un livre. Curieuse, je vais le chercher. Ce livre de Jonathan Safran Foer est intitulé : « Faut-il manger les animaux ? »
Foer m’a interpellé par sa manière d’aborder les choses. Peut-être que vous vous en doutez mais via ce titre, nous ne savons pas encore s’il vaut mieux manger ou ne pas manger les animaux. Si vous pensez d’ores et déjà connaître la réponse, c’est que vous avez probablement conscience de certains faits. Mais, est-ce que vous savez tout ? Est-ce que vous en savez assez pour établir un jugement éthique juste ?
Cet ouvrage représente une vaste enquête incluant des expéditions sur le terrain et expliquant des évènements basés sur des faits réels (statistiques, études…). Il est venu heurter ma sensibilité et mon humanité. Il a alimenté mes savoirs et je ne peux que vous le conseiller pour nourrir les vôtres. Pour vous mettre en haleine, je vous partage déjà quelques informations mais cela ne doit en aucun cas remplacer la lecture de ce livre.
Les deux livres dont je fais parfois référence dans cet article sont issus d’auteurs américains. Leurs réflexions sont ainsi basées la plupart du temps sur des faits, des ressentis, des expériences sur les terres d’Amérique. Mais, la plupart de ces éléments sont transposables dans le monde entier. Chaque pays rencontre les mêmes problématiques à des échelles plus ou moins différentes et n’oublions pas aussi qu’à travers le commerce international et notre consommation, nous participons indirectement à des pratiques non éthiques, non écologiques et malsaines des autres pays.
Au début, je ne vous cache pas que j’avais conscience de la réalité mais je préférais fermer les yeux et fuir le sujet. Pour ma défense, je minimisais les conséquences en pensant que les animaux ne pouvaient pas ressentir la douleur et je pensais qu’il était indispensable de manger de la viande pour être en bonne santé. Soyons honnête, le fait de manger des animaux ne date pas d’aujourd’hui. Qui n’a jamais vu la fameuse scène de chasse peinte dans une grotte ? À l’époque, c’était une question de survie, maintenant c’est inscrit dans notre culture pour le plaisir de manger les animaux.
Je pense qu’il est important de savoir aussi que le végétarisme ne date pas d’aujourd’hui. De grands philosophes, artistes, politiciens, scientifiques…ont prôné une alimentation végétarienne, à commencer par Pythagore (vers 580 Av. J.-C). Après la lecture de nombreux ouvrages et des recherches sur internet, une longue réflexion a hanté mon esprit. L’Homme est assez intelligent pour inventer d’innombrable choses mais l’est-il assez pour réinventer son alimentation et vivre en symbiose avec son environnement ?
FAUT-IL MANGER LES ANIMAUX ?
Jonathan Safran Foer
La grandeur d’une nation et ses progrès moraux peuvent être jugés de la manière dont elle traite les animaux.
Mahatma Gandhi
Ce n’est pas l’histoire du hasard, ni pour une affaire de mode, mais c’est …
» Moins de 1% des animaux tués pour leurs viande en Amérique proviennent d’élevages traditionnels » 1
» Savez-vous que près d’un tiers de la surface de la Terre est consacré à l’élevage ? » 2
» Dans l’histoire, une pandémie s’est déclenchée toutes les 27 années et demie environ. « 3
Aujourd’hui, l’industrialisation monopolise une place importante dans le monde entier. C’est à la fin de la deuxième guerre mondiale que l’élevage intensif est apparu. Dans un premier temps, il me parait important de le définir. Selon Wikipédia :
» L’élevage intensif est une forme d’élevage industrialisé qui vise à augmenter fortement le rendement de cette activité, notamment en augmentant la densité d’animaux sur l’exploitation ou en s’affranchissant plus ou moins fortement du milieu environnant (confinement). » 4
En bref, l’objectif est d’augmenter la production et l’accroissement de la consommation de viande. Pour parvenir à ses fins, l’élevage intensif utilise des moyens contre-nature et surtout incompatible avec le bien-être animal. Mais concrètement, quelles sont les pratiques ? Comment peut-on modifier la nature à notre profit ?
L’Homme est capable du meilleur comme du pire, mais c’est vraiment dans le pire qu’il est le meilleur.
Corbin
Dans la continuité, je vous présente donc les pratiques que l’être humain a mis en place afin de faire prospérer l’élevage intensif au détriment de l’élevage traditionnel :
- » la sélection des sexes et des espèces les plus productives,
- la concentration des animaux dans des lieux clos,
- l’étroitesse de l’espace par animal et la pauvreté de l’habitat des animaux (absence de paille, de sol à explorer),
- la croissance des animaux accélérée pour améliorer la productivité,
- l’insémination perpétuelle des truies et vaches pour assurer la continuité du système. » 5
D’une part, les animaux victimes d’élevage intensif sont génétiquement modifiés dans le but d’obtenir certaines caractéristiques précises. Des souches d’animaux sont dès lors sélectionnées pour permettre une productivité poussée. D’autre part, pour optimiser le rendement, les animaux vivent dans des endroits étroits où ils ne verront jamais la lumière du jour sauf pour se rendre à l’abattoir. En France, depuis 2012 les volailles disposent chacune d’un espace de 750 cm2, soit environ l’équivalent d’une feuille A4 (auparavant c’était 550 cm2).
De ce fait, les conditions de vie imposées aux animaux engendrent de lourdes conséquences sur leur santé, c’est inévitable. Tout d’abord, beaucoup d’entre eux développent des problèmes de mobilité et cardiaques en lien avec une vitesse de croissance excessive. De plus, afin de pouvoir mieux cohabiter dans leurs espaces confinés en évitant qu’ils se blessent entre eux, ils subissent des amputations (castration à vif, queues/dents coupées, bec épointé…). Les animaux victimes de l’élevage intensif manifestent encore bien d’autres pathologies, des pathologies qui reflètent sans surprise le milieu dans lequel ils vivent (pneumopathies, infections, anémies…) .
Pour pallier à ces problématiques, des antibiotiques et des vitamines leur sont administrés à foison afin de permettre à l’animal de survivre dans l’environnement qui lui est imposé. Lorsque cela devient trop coûteux et trop chronophage, les animaux malades agonisent en silence auprès de leurs compères. C’est un peu plus de souffrance en attendant une mort qui sera sans doute soulageante.
En France, 82% des animaux proviennent de l’élevage intensif. Soit 8 animaux sur 10.
La pêche industrielle consiste à pêcher en grande quantité. Ici je fais référence à des bateaux comme le chalutier qui tient son nom de son immense filet. Ce filet en question nommé chalut sert à attraper des tonnes de poissons en quelques minutes. Pour plus d’efficience, il en existe même des électriques.
» Les lignes de pêches industrielles modernes peuvent mesurer jusqu’à 120km de long – la même distance qui sépare le niveau de la mer des dernières couches de l’atmosphère. » 6
Ce système est très efficace pour capturer les poissons en masse, mais cela signifie aussi racler les fonds marins en y laissant des traces… C’est aussi une course contre la montre qui ne laisse pas le temps à la faune maritime de se renouveler… Et c’est surtout des prises accessoires en quantité. En effet, la pêche au chalut étant une chasse en vrac, on ne peut pas cibler uniquement les proies que l’on désire. Ainsi, de nombreuses espèces non comestibles ou protégées, se retrouvent prises dans les mailles du filet. Dans la mort ou dans l’agonie, elles seront rejetées à la mer ni vu ni connu.
» Que se passerait-il si l’étiquetage d’un produit indiquait combien d’animaux ont été tués pour que celui que nous voulons manger se retrouve dans notre assiette ? Eh bien, pour ce qui concerne les crevettes d’Indonésie, par exemple, on pourrait lire sur l’emballage : pour 500 grammes de crevettes, 13kilos d’autres animaux marins ont été tués et rejetés à la mer. Ou prenez le thon. Parmi les 145 espèces tuées de façon routinière – et gratuite – lorsque l’on pêche le thon on trouve : la raie manta, le diable de mer, la raie douce, le requin babosse, le requin cuivre, le requin des Galapagos…le mérou, le poisson volant, la morue, l’hippocampe, … la tortue verte, la tortue luth…le le dauphin commun, la baleine franche, le globicéphale, la baleine à bosse, la baleine à bec, l’orque, le marsouin commun, le grand cachalot, le dauphin bleu et blanc, … » 7. Dans les prises accessoires on y trouve tout ce dont vous rêvez de contempler lors d’une pratique de plongée sous-marine ou de snorkeling.
A cela s’ajoute l’aquaculture. L’aquaculture est une aide supplémentaire à la pêche industrielle pour surexploiter davantage et consommer toujours plus. C’est clairement le même principe que l’élevage intensif terrestre, dans le sens où c’est la productivité qui prime en dépit des conditions de vie et de la survie des espèces authentiques. L’océan se vide, les désirs de l’Homme grandissent ainsi le développement des piscicultures et des écloseries est la solution. Parce que pour avoir une production efficiente, il est plus simple de maintenir les animaux sauvages en captivité pour surveiller de près les modifications génétiques imposées et limiter les pertes.
À présent, je me questionne sur les représentations de l’être humain en général concernant les animaux. Je pense qu’il est important de se questionner sur ce sujet car nos représentations reflètent notre comportement au quotidien avec eux. Selon le dictionnaire Larousse, voici la définition de l’animal :
« Par opposition à végétal, être vivant organisé, généralement capable de se déplacer et n’ayant ni chlorophylle ni paroi cellulaire cellulosique. (Au regard du droit français, c’est un être vivant doué de sensibilité, qui, tout en étant soumis au régime des biens, est protégé par des lois particulières.) »
C’est seulement en Février 2015 que l’animal est considéré, dans le Code civil (Articles 515-14), comme un être vivant doué de sensibilité. Cela signifie que la loi ne considère plus l’animal comme une chose mais bel et bien comme un être à part entière (malgré sa soumission au régime des biens d’un point de vue juridique). Il a donc été prouvé scientifiquement que les animaux possèdent un système nerveux supérieur. Par conséquent, cela signifie qu’ils peuvent ressentir de la douleur et d’autres émotions (souffrance, angoisse…).
Par conséquence, cette évolution du statut de l’animal aux yeux de la loi doit faire évoluer nos moeurs. En attendant des précisions via de nouveaux textes, notre devoir est donc d’adopter une conduite éthique et respectueuse face à l’animal dit « être sensible ». Il est alors indispensable de reconsidérer notre manière d’agir avec eux : l’élevage industriel, les expérimentations, les groupes zoologiques, le braconnage, les pratiques de chasse, et notre consommation, bien sûr !
N’est- il pas légitime d’accorder à tous les animaux une qualité de vie correcte ? Une vie où ils seraient libres de se comporter naturellement sans que leur instinct soit entravé ?
Durant son existence, l’être humain a toujours été confronté à différentes espèces animales selon l’environnement dans lequel il vit. Son comportement avec eux est influencé par sa culture, ses croyances, son éducation, son appartenance… Ainsi, de part son milieu, l’Homme : domestique, torture, tue, mange certains animaux plutôt que d’autres.
Prenons l’exemple des cochons en France. Pourquoi mange-t-on des cochons plutôt que des chiens ? C’est un exemple parmi tant d’autres, mais la question se pose.
» (…) (L)es cochons partagent un certain nombre de capacités cognitives avec d’autres espèces particulièrement intelligentes telles que les chiens, les chimpanzés, les éléphants, les dauphins et même les humains. La recherche scientifique suggère que nous devrions repenser entièrement les relations que nous entretenons avec eux. » — Dr Lori Marino, neuroscientifique spécialisée dans le comportement et l’intelligence des animaux
L’Histoire a fait que notre relation avec les cochons est ainsi, mais la science nous amène à voir les choses sous un autre angle. Il en est de même pour les chiens. Le ragoût de chien en sauce existe bel et bien et fait partie des pratiques culinaires de certaines régions (comme la Polynésie française auparavant).
Vous êtes peut-être choqués par certaines pratiques mais dites-vous qu’à l’inverse les autres peuvent être eux aussi choqués par les vôtres. La vérité est que la majorité des animaux sont comestibles. Personne n’a raison sur quel animal nous pouvons manger ou non. Tout le monde a tord de ne pas se poser de questions sur le fait de manger des animaux.
« Il existe plus de 20 000 espèces de plantes comestibles dans le monde et pourtant, 90% de notre régime alimentaire ne se compose que d’une vingtaine. Pourtant, des centaines de plantes comestibles moins connues, venant du monde entier sont à la fois délicieuses et très nutritives. » Plantes Comestibles: Le guide pour vous inspirer à choisir et cultiver des plantes comestibles hors du commun
Le temps passe, l’humain évolue et aujourd’hui il n’y a plus de question de survie. Il est temps de reconsidérer la place des animaux et de mettre un terme à la souffrance qu’ils subissent. Il nous reste tant de choses à découvrir, à créer. Il suffit de s’ouvrir, d’explorer de nouveaux horizons pour réinventer notre alimentation. Je pense qu’on ne peut plus se permettre de dire je mange de la viande parce que c’est bon alors que la souffrance à l’intérieur est bien réelle. Évoluons, soyons un peu moins égoïstes et pensons à demain, à nos enfants et petits enfants en nous dirigeant ensemble vers une alimentation végétarienne.
Manger de la viande c’est commettre un homicide involontaire.
Benjamin Franklin
Aujourd’hui, l’élevage est responsable de 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre. » Le secteur d’élevage industriel participe au réchauffement planétaire pour 40% de plus que l’ensemble des transports dans le monde; c’est la première cause du changement climatique. » 8 En France, 2/3 du territoire est consacré à l’élevage : un tiers pour les pâturages et l’autre tiers pour alimenter le bétail. Si l’on prend un peu de hauteur, les surfaces agricoles destinées à l’élevage représentent près d’un tiers de la surface de la Terre.
Depuis des années, la population mondiale ne cesse d’augmenter et ,parallèlement, les besoins aussi. Cela signifie que l’espace dédié à l’agriculture doit être optimisé. Quand on sait qu’il faut 4 fois plus de terre pour produire une calorie animale, on sait aussi qu’il faudra faire des concessions à un moment donné. Aujourd’hui, l’être humain a choisi la dégradation de la biodiversité.
Afin de gagner en surfaces exploitables pour le bétail, la déforestation est inévitable. L’Amazonie en est la preuve : des kilomètres de forêts carbonisées au profit de l’agriculture. Greenpeace démontre que l’élevage bovin est responsable de 80 % de la déforestation amazonienne. Il est important de savoir que les forêts ont un rôle essentiel dans le maintien de l’équilibre de la biodiversité et du climat. Ainsi, leur destruction engendre des conséquences lourdes comme l’émission de gaz à effet de serre et la libération en quantité de carbones (séquestrés initialement par la forêt).
De plus, il faut se souvenir et garder à l’esprit que ces forêts sont l’habitat de nombreuses espèces qui, au quotidien, se voient privées de leurs maisons, de leurs familles et même de vivre, bien malheureusement. Dans le monde entier, les forêts et les animaux qui y habitent, sont concernés par la déforestation et l’affrontent au quotidien. Ce combat est bien souvent remporté par l’Homme, mais au final, c’est un combat perdu d’avance pour la survie de notre espèce.
Comme évoqué plus haut, l’élevage est responsable de nombreuses émissions qui polluent notre planète (14,5% de gaz à effet de serre). D’après l’Organisation mondiale des Nations Unies, voici la répartition des gaz issus de l’élevage :
- 50% de méthane (CH4) : gaz naturel produit par les organismes vivants (fermentation de la matière organique ou digestion). Sa durée de vie est de 15 ans et son potentiel de réchauffement climatique est 25 fois supérieur au CO2
- 24% de dioxyde de carbone (CO2) : en lien principalement avec la déforestation et l’utilisation d’énergies fossiles. Sa durée de vie est de 100 ans et est responsable de 26% de l’effet de serre
- 26% de protoxyde d’azote (N2O) lié entre autre à l’utilisation d’engrais et de lisiers en abondance pour l’agriculture. Sa durée de vie est de 120 ans et son potentiel de réchauffement climatique est 25 fois supérieur à celui du méthane et 300 fois supérieur à celui du CO2.
Si ces gaz ne sont pas visibles à l’oeil nu, ils sont bel et bien responsables du dérèglement de la serre naturelle, et donc du réchauffement climatique. En effet, l’augmentation de la concentration de ces gaz dans l’atmosphère constitue un effet de serre additionnel qui empêche la libération habituelle du rayonnement infrarouge émis par la Terre. La chaleur est donc piégée, ce qui engendre une augmentation de la température sur Terre.
Ce phénomène accentue les catastrophes d’origine naturelle et augmentent leurs fréquences d’apparition (tempêtes, inondations, ouragans, cyclones, sécheresse, canicule, etc.). Si l’on continue dans cette direction, les conséquences peuvent être irréversibles et les générations futures subiront ce désastre.
Outre les émissions de gaz, une utilisation massive d’eau est nécessaire pour l’élevage des animaux. En effet, il est prouvé que la production de viande nécessite davantage d’eau que celle des céréales et des légumineuses. N’oublions pas aussi qu’avant de pouvoir consommer de la viande, il faut nourrir les animaux d’élevage avec des céréales et des légumineuses en quantité (blé, soja, maïs…).
Malheureusement, la Terre possède un stock d’eau limité. Nous sommes face à un cercle vicieux. On puise dans les ressources naturelles de la Terre sans penser à demain, dans l’unique but d’assouvir nos désirs culinaires qui, aujourd’hui, ne relèvent plus de la question de survie. Cette précieuse ressource indispensable à la vie s’épuise, jusqu’au jour où il n’y en aura plus.
A cela s’ajoute la pollution des eaux. De part les pratiques de l’élevage intensif comme l’utilisation d’engrais, de pesticides, d’antibiotiques, d’hormones, de produits chimiques, de déchets et déjections animales…l’élevage émet des quantités importantes de phosphates et de nitrates. Ces derniers sont responsables de l’eutrophisation des eaux. Selon GEO :
« L’eutrophisation est un phénomène naturel de pollution des écosystèmes aquatiques dû à la prolifération de certains végétaux, le plus souvent des algues, recevant en trop grande quantité les nutriments, tels le phosphore ou l’azote, nécessaires à leur développement. » 9
Dans le monde entier, ce phénomène a été observé, étudié et en finalité il s’avère qu’il est étroitement lié à l’élevage. L’eutrophisation est causée par une rupture de l’équilibre entre l’agriculture et l’environnement aquatique qui se traduit par une dégradation de la qualité de l’eau, causant la mort de nombreuses espèces animales et végétales.
L’ammoniac, présent dans les déjections animales et engrais principalement, est aussi responsable de l’eutrophisation. De plus, lorsqu’il est rejeté dans l’atmosphère, ce gaz provoque l’acidification de l’eau et des sols avec des répercutions négatives sur la vie et les milieux terrestres et aquatiques. En France, l’agriculture représente 94% des émissions nationales d’ammoniac dont 75% sont originaires des déjections animales, 25% d’engrais azotés et 3% dues à l’industrie et le transport (CITEPA, Rapport SECTEN 2018). La France était le premier émetteur d’ammoniac de l’Union Européenne en 2010. En 2006, l’ONU se positionnait déjà face aux conséquences de l’élevage :
« Le secteur de l’élevage compte parmi les secteurs les plus nuisibles pour les ressources en eau déjà appauvries, contribuant, entre autres, à la pollution de l’eau, à l’eutrophisation et à la dégénération des récifs coralliens. Les principaux agents polluants sont les déchets animaux, les antibiotiques et les hormones, les produits chimiques des tanneries, les engrais et les pesticides pulvérisés sur les cultures fourragères. » 10
Grâce à l’enchaînement de différents processus naturels, la planète Terre assure un équilibre qui permet la vie. Ce maintien de l’équilibre dépend de nombreux facteurs et l’être humain a, bien sûr, sa part de responsabilité. L’élevage intensif va à l’encontre de ce principe d’équilibre, c’est indéniable. Il est la cause de nombreux faits néfastes pour l’environnement, comme :
- La déforestation
- L’émission de gaz à effet de serre
- La diminution des ressources disponibles sur Terre
- La pollution des eaux et des terres
Je prends l’exemple du secteur agroalimentaire avec un produit lambda qui connait un succès sur une période donnée. Puis, de part une réputation délétere sur la qualité de son produit et la concurrence du marché, les consommateurs se dirigent vers l’achat d’autres produits. Le producteur s’obstinera t-il toujours à produire davantage le même produit, en utilisant le même procédé, alors que la consommation de son produit est en baisse ?
Dès lors, s’adapter aux demandes du consommateur n’est plus un choix mais une obligation pour l’entreprise si elle souhaite garder sa place dans le marché. Je pense donc que nous sommes à la base du changement et face à cette réalité il faut maintenant choisir entre : conserver le même mode de vie ou renoncer à ce qui nous permet de vivre : la Terre. S’orienter vers une alimentation végétarienne et éco-responsable permettrait :
- De diminuer les surfaces nécessaires pour nourrir l’Homme et de régénérer les forêts pour emprisonner le carbone.
- De réduire la quantité émise de gaz à effet de serre par l’élevage
- De restreindre la pollution des eaux et des surfaces
- D’optimiser les ressources que nous offre la Terre
Si notre choix alimentaire participe pleinement à l’équilibre de la planète, celui-ci est également un facteur déterminant pour notre santé et celle de l’humanité.
« On ne peut avoir des gens en bonne santé, des gens qui ont accès à la nourriture, à l’eau potable et à un air sain sans s’attaquer aux changements climatiques », a averti la secrétaire générale adjointe de l’OMM, Elena Manaenkova, soulignant que « le réchauffement de la planète est sans équivoque ».
Elena Manaenkova
Parmi les besoins fondamentaux de l’humain, on retrouve les besoins vitaux/physiologiques qui sont : satiété, hydratation, respiration… Ces derniers sont indispensables à la santé de l’Homme et les satisfaire est une nécessité. Fort heureusement, notre planète nous offre la possibilité d’assouvir ces besoins, autrement dit : elle nous permet de vivre. Notre qualité de vie dépend donc de l’environnement dans lequel nous vivons et l’être humain le façonne chaque jour à son image. Si l’élevage est une source d’alimentation pour l’Homme, il est aussi un facteur déterminant dans le changement climatique, dans la gestion des ressources naturelles et influence la qualité de l’environnement, autrement dit de notre santé.
« Le coût de cette surconsommation est déjà visible : pénuries en eau, désertification, érosion des sols, chute de la productivité agricole et des stocks de poissons, déforestation, disparition des espèces. Vivre à crédit ne peut être que provisoire parce que la nature n’est pas un gisement dans lequel nous pouvons puiser indéfiniment » soulignent WWF et Global Footprint.
En discutant avec mes grands-parents, je me suis rendue compte que notre hygiène de vie a bien évolué au cours des dernières années. Avant, ils mangeaient de la viande une à deux fois par semaine. C’était le boucher du coin qui venait livrer à domicile. Les grandes surfaces n’existaient pas, seule la matière première était travaillée, il n’y avait donc pas d’aliments transformés. La présence d’une épicerie fine dans la ville la plus proche était principalement dédiée à des achats spécifiques. Aujourd’hui, nous sommes inscrits dans une société de surconsommation où la normalité tend vers la quantité à des prix souvent dérisoires. Mais qu’est ce qu’on met derrière ce prix ?
« Le 26 octobre 2015, le CIRC a classé la consommation de la viande rouge comme probablement cancérogène pour l’homme (Groupe 2A), et La viande transformée a été classée comme cancérogène pour l’homme (Groupe 1), sur la base d’indications suffisantes selon lesquelles la consommation de viande transformée provoque le cancer colorectal chez l’homme. » 11
L’ensemble des procédés utilisés dans l’industrie de la viande n’est plus inconnu. Les modifications génétiques et l’utilisation massive d’antibiotiques, de vitamines, d’hormones de croissance reflètent aujourd’hui la composition de nos assiettes. Il en est de même pour le poisson. Chaque minute, l’équivalent d’un camion poubelle de plastique est déversé dans l’océan. Des microplastiques sont donc ingérés par les poissons et les fruits de mer pour être consommés ensuite par l’Homme… Nous mangeons ce que les animaux mangent. L’absence de méthode d’analyse pour identifier les nanoplastiques dans les aliments laisse place à une incertitude concernant les effets sur le corps humain. Cependant, il est possible de les deviner à travers les effets délétères qu’engendrent certains matériaux plastiques sans être forcément ingéré (perturbateur endocrinien, cancer, anomalies congénitales…) Qui n’a jamais entendu parlé de la polémique à propos du bisphénol (BPA) ?
À la base, une alimentation (raisonnée) composée de produits d’origine animale a des bienfaits sur la santé dans le sens où certains nutriments sont nécessaires pour le bon développement du corps humain. Mais aujourd’hui, les qualités nutritives sont-elles toujours présentes ? Sachant que la totalité des nutriments nécessaires au maintien d’une bonne santé peut être d’origine végétale, si l’on réalise la balance bénéfice/risque d’une alimentation carnivore, est-il toujours intéressant d’en manger ?
« La position de l’Association américaine de diététique est que les alimentations végétariennes bien conçues (y compris végétaliennes) sont bonnes pour la santé, adéquates sur le plan nutritionnel et peuvent être bénéfiques pour la prévention et le traitement de certaines maladies. Les alimentations végétariennes bien conçues sont appropriées à tous les âges de la vie, y compris pendant la grossesse, l’allaitement, la petite enfance, l’enfance et l’adolescence, ainsi que pour les sportifs. »12
Pour une bonne santé, il est donc vivement recommandé de végétaliser ses repas. Il est également prouvé qu’une alimentation végétarienne ou végétalienne bien conçue n’engendre aucune carence. À l’inverse, la consommation de produits d’origine animale augmente le risque d’apparition de certaines maladies ainsi que le taux de mortalité (obésité, maladie cardiaque, hypertension, hypercholestérolémie, diabète de type 2 et certains types de cancers…). D’ailleurs, le Plan National de l’Alimentation en France, impose désormais un menu végétarien hebdomadaire en restauration collective et met l’accent sur une alimentation riche en fibre. L’envie d’évoluer sur nos habitudes alimentaires est perceptible, seulement, nos moeurs qui sont animées par les traditions depuis des années freinent encore cette évolution.
En France, les habitants demandent « 1,8 fois plus à la nature » que ce que les écosystèmes du territoire sont en mesure de leur fournir, se servant alors des ressources naturelles des autres pays et des générations futures, explique WWF.
La majorité des pays dit « développés » s’inscrivent dans un marché de surconsommation sans se soucier de la capacité réelle de leurs terres et des ressources naturelles qu’elles peuvent se procurer. Une fois que leurs ressources sont épuisées, la solution de facilité pour un moindre coût est de puiser dans les ressources naturelles des autres pays, en particulier ceux qui sont en voie de développement. Philip Wollen, végan, ex-vice président de la Citizen Bank, philanthrope et activiste pour le droit des animaux, résume parfaitement la situation :
“Les pays pauvres vendent leurs céréales à l’Ouest, tandis que leurs propres enfants meurent de faim dans leurs bras. Et nous en nourrissons le bétail. Tout ça afin de manger un steak ? Suis-je le seul à voir cela comme un crime ? Chaque morceau de viande que nous mangeons est une gifle au visage baigné de larmes d’un enfant affamé.”
Nous l’avons vu plus haut, l’élevage intensif sous entend qu’il faut nourrir le bétail et cela nécessite des quantités importantes de céréales avant de pouvoir consommer de la viande. Des quantités qui pourraient directement procurer satiété à l’Homme. À ce jour, les pays développés se battent contre l’obésité alors que ceux en voie de développement se battent pour avoir à manger. C’est le comble !
Même dynamique concernant les océans, l’Union Européenne (mais pas que) n’a pas su gérer la pêche industrielle. Le temps manquant à la reproduction naturelle des différentes espèces de poissons, les pêcheurs se retrouvent avec des filets vides. Sans aucune remise en question sur ces pratiques, l’UE décide alors d’obtenir des droits de pêches ailleurs pour que les chalutiers industriels puissent continuer de ravager la faune maritime, au détriment des populations locales qui vivent à travers…la pêche. Charles Clover, spécialiste des questions d’environnement, journaliste et rédacteur en chef au Daily Telegraph, dresse un lourd réquisitoire :
« L’Union européenne n’a guère réussi à gérer le poisson dans ses propres eaux, mais elle est porteuse d’une forte tradition de pêche, et les pêcheurs savent s’organiser en groupes de pression. L’UE dépense donc 195 millions d’euros par an pour acheter des droits de pêche dans des mers lointaines, du cercle polaire arctique aux îles Malouines. Elle a signé un nouvel accord avec plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest, dont le Sénégal. Les bénéficiaires de ces contrats discutables, signés en toute discrétion, sont les chalutiers en eaux lointaines espagnols, français, italiens et grecs. Parmi les pays avec lesquels l’UE a signé des accords, se trouve l’Angola, où des millions de gens sont menacés de famine. […] La pratique de la pêche dans les eaux des pays sujets à des troubles sociaux est un des tours favoris de la pêche européenne. Les thoniers espagnols et français pêchent régulièrement dans les eaux somaliennes. La Commission européenne a récemment renouvelé ses accords de pêche avec la Côte d’Ivoire, en proie à la guerre civile. […] Pourquoi donc le Sénégal a-t-il signé ? Le docteur Gueye [directeur de la pêche pour le gouvernement sénégalais] dit que 64 millions d’euros était une jolie somme pour un pays pauvre. Le Sénégal a besoin d’écoles et d’hôpitaux […] Les négociateurs de l’UE ont-ils lié pêche et aide ? C’est nettement l’impression que donnait le docteur Gueye… 13
J’aborde maintenant la santé des agriculteurs et des ouvriers en abattoir. Si la plupart font face à la précarité, les conditions de travail physiques et psychiques sont sans nul doute extrêmes. Ces derniers sont exposés en continue à des gaz et des produits dangereux pour leur santé. Prenons l’exemple de l’ammoniac émis sur l’ensemble de la chaîne de gestion des déjections animales : l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) affirme une perte de 8 à 10 mois de l’espérance de vie due aux particules fines comme l’ammoniac. En effet, elles ont la particularité de s’immiscer dans le système respiratoire et de provoquer différents maux : asthme, AVC, allergies, cancers, maladies respiratoires…
Face à notre barquette de viande hachée du supermarché, à travers un beau design, il est facile d’oublier ce qui s’y passe en amont. Quel est le réel procédé et quelles sont les conditions de travail des employés ? Une chose est sûre, c’est que ces personnes sont confrontées en continue aux cris d’angoisse, d’agonie des animaux et qu’ils côtoient la mort tous les jours dans une froideur et une cadence indiscutable. Pour ma part, il n’est pas pensable une seule seconde de travailler dans un abattoir et de tuer à la chaîne. Je choisis donc d’être végétarienne car je ne veux pas faire subir aux autres ce que je ne pourrai jamais supporter moi-même.
Les pandémies ne datent pas d’aujourd’hui. Si l’on remonte dans le passé, nous pouvons les retracer depuis la plus Haute Antiquité et la plupart sont liées à des zoonoses (maladies transmissibles de l’animal à l’Homme).
« Au Néolithique, il y a 12 000 ans, le phénomène de sédentarisation et l’apparition de l’élevage ont provoqué la transmission à l’homme de pathogènes initialement présents dans le bétail, comme la variole, la diphtérie ou la rougeole. » 14
Aujourd’hui, notre rapport avec les animaux a pris une tout autre ampleur. L’apparition d’autres pandémies est inévitable, le Coronavirus en est la preuve. Selon le directeur de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), la pandémie provoquée par le coronavirus ne sera pas la dernière et les tentatives pour améliorer la santé humaine sont “vouées à l’échec” si l’on ne s’attaque pas au changement climatique et au bien-être animal.
L’élevage industriel, l’antibiorésistance, la déforestation, l’urbanisation des espaces ruraux, le trafic d’animaux sauvages, la migration et/ou la disparition d’espèces due au changements climatiques… définissent aujourd’hui notre relation avec les animaux et augmentent fortement la probabilité de transmission des pathogènes. Cette proximité avec les animaux est animée par l’Homme et elle ne fait que de s’agrandir au fil des années, proportionnellement à la population mondiale.
Sachant que cela se renouvelle depuis des siècles, la question est : qu’est ce qui a été mis en place afin d’éviter de nouvelles pandémies ? Une analyse brève de notre passé nous montre bien que, face à l’apparition d’une nouvelle pandémie, la même histoire se répète : nous agissons dans le feu de l’action mais, a posteriori, nous oublions vite les leçons qu’il faut en tirer. L’être humain a créé des systèmes qui sont favorables au développement de pathogènes, maintenant il faut apprendre à vivre avec.
L’investissement dans la prévention et les capacités de préparation de la venue de nouvelles crises sanitaires m’apparait essentiel, surtout que nous savons aujourd’hui que la santé des humains, des animaux et de la planète sont interdépendants. C’est pourquoi, il est impératif de se recentrer sur le bien-être animal à l’échelle mondiale. Tendre vers une alimentation végétarienne prend alors tout son sens. En effet, abolir notre consommation de viande permet de diminuer cette proximité avec les animaux et par ailleurs d’optimiser nos chances d’éviter une pandémie. Chaque pays a un rôle essentiel dans ce changement et le but n’est pas de savoir quel pays est « le pire » pour soulager notre conscience. C’est d’être l’exemplarité dans le changement pour éviter de lourdes conséquences par la suite. L’anticipation est le maître-mot pour un avenir meilleur et cela passe par l’évolution de nos rapports avec les animaux.
« Beaucoup de gens dressent un tableau sombre de l’avenir, mais personne ne travaille aux petites choses concrètes qu’on peut faire dès maintenant pour améliorer la qualité de vie dans le futur »
Henry Spira
Premièrement, je ne trouve aucune bonne raison de justifier et de légitimer la douleur que l’on inflige aux animaux. Ce n’est pas défendable. Selon Peter Singer, philosophe utilitariste :
“En acceptant de soumettre les animaux aux souffrances de l’agriculture industrielle pour la production de viande, le philosophe définit alors l’Homme comme “spéciste”. Tout comme les racistes, les spécistes favorisent l’intérêt de leur propre espèce“.
L’absence de philosophie de l’animal en occident a certainement du influencer notre supériorité face à l’animal. Mais aujourd’hui, nous ne pouvons plus nier cette souffrance infligée aux animaux et ceux qui acceptent cette souffrance sont définis comme « spéciste ». Dorénavant, il est inconcevable pour moi de caresser un chien, d’être en extase devant un cerf, de prendre en photo les oiseaux, d’admirer les dauphins nager et de me retrouver quelques instants plus tard avec des animaux dans mon assiette. Je suis partisante du principe d’égalité entre les êtres humains mais aussi entre l’Homme et les animaux.
Dans un deuxième temps, il est avéré que l’élevage a un réel impact sur l’environnement. Étant soucieuse du changement climatique et inscrite dans une démarche écologique, il est temps pour moi de reconsidérer mon régime alimentaire. La population mondiale étant en évolution constante, être dans un premier temps végétarienne me semble être la meilleure des solutions pour ralentir le réchauffement climatique et se battre pour la survie de notre espèce, car je suis convaincue que la nature nous détermine à être ce que nous sommes.
De plus, pour être en bonne santé, il est prouvé et conseillé de réduire son alimentation en protéines animales et d’augmenter son apport en végétaux. La régulation de notre consommation en viande permettrait aussi d’éviter d’empiéter sur le territoire des autres et de pérenniser leurs ressources afin qu’ils puissent avoir accès à des rations suffisantes à leur survie. J’ajoute également que c’est en agissant sur la proximité homme/animal, que le risque d’apparition d’une nouvelle pandémie sera plus faible.
C’est pour toutes ces raisons qu’aujourd’hui je suis végétarienne et je vous confirme qu’au début ce n’est pas si simple. Manger de la viande et du poisson est ancré dans notre culture et il est souvent difficile, voire inconcevable, de les supprimer totalement. Je pense que ce changement doit se faire par étapes en commençant par réduire son apport. Vous allez déjà vous ouvrir à d’autres horizons, prendre plaisir à innover, cuisiner autrement, pour ensuite vous rendre compte qu’une alimentation végétarienne rime avec bien manger et ne rime pas forcèment avec carence. Plus tard, un autre article fera l’objet d’un guide vers une alimentation équilibrée et végétarienne afin que vous ayez toutes les cartes en main pour vous maintenir en bonne santé !
Il faut être de bonne foi, il appartient à tout un chacun de changer le monde dans lequel nous vivons et cela passe par des actes concrets, notamment par l’évolution de nos habitudes alimentaires. Tout doucement, nos moeurs vont évoluer à travers l’éducation de nos enfants, petits enfants . Être végétarien ou vegan ne sera plus considéré comme extrémiste mais réaliste. Voilà pourquoi aujourd’hui, je suis végétarienne et pourquoi pas bientôt vegan ?
S’il est une chose que les mouvements de libération nous ont enseignée, c’est certainement à quel point il est difficile de prendre conscience de nos préjugés à l’égard de groupes particuliers tant que ces préjugés ne nous sont pas mis de force sous nos yeux. Un mouvement de libération exige un élargissement de nos horizons moraux. Des pratiques qui jusque-là étaient considérées comme naturelles et inévitables en viennent à être vues comme autant de résultats d’un préjugé injustifiable.
Peter Singer
- Temple Grandin, Mary. Ma vie d’autiste. Odile Jacob, 2000. 224p.
- 1. Safran Foer, Jonathan. Faut-il manger les animaux ?. Points, 2012. 408p
- 2. Safran Foer, Jonathan. Faut-il manger les animaux ?. Points, 2012. 408p
- 3. Safran Foer, Jonathan. Faut-il manger les animaux ?. Points, 2012. 408p (page 176)
- 4. Elevage intensif Wikipédia
- 5. Animal Cross
- 6. Safran Foer, Jonathan. Faut-il manger les animaux ?. Points, 2012. 408p (page 31)
- 7. Safran Foer, Jonathan. Faut-il manger les animaux ?. Points, 2012. 408p (page 66, 67)
- 8. Safran Foer, Jonathan. Faut-il manger les animaux ?. Points, 2012. 408p (page 59)
- 9. L’eutrophisation. GEO, 2017
- 9. ONU pour l’alimentation et l’agriculture, 2006
- 10. Cancer-environnment
- 12. Journal of the Academy of Nutrition and Dietetics
- 13.https://www.viande.info/riches-prennent-aux-pauvres
- 14. « Quand l’homme favorise les épidémies », Cailloce L., Journal du CNRS, 23 septembre 2014.
Une réflexion au sujet de « Je suis végétarienne et toi ? »
Sur le plan intellectuel, bien évidemment que les éléments déclinés dans ton article me parlent, m’obligent à prendre conscience de la manière où l’industrie agro alimentaire traite les animaux, les poissons. C’est pourquoi je n’achète plus aucune viande, aucun poisson dans les grandes surfaces. J’ai considérablement réduit ma consommation de produits d’origine animale. Et pourtant…ma mémoire olfactive, le plaisir que me procure la dégustation d’un onglet, d’une sole, d’un rouget, le plaisir que j’éprouve à élaborer ces pièces de viande, de poissons, de fruits de mer sont très forts. Alors, j’aurais plutôt envie de privilégier d’acheter au petit producteur ou au voisin du coin.
Même si je commence à éprouver du plaisir à cuisiner végétarien, à découvrir Tofu, Seitan, je n’arrive pas à trouver autant de plaisir à les déguster. Je sais…on est incroyablement formaté 😉
Tout est une question d’habitudes et de coutumes et sans doute que celui qui n’essaie pas la nouveauté, qui ne bouscule pas ses habitudes passe à côté d’une partie de sa vie 😉😘